GROS NIBARS

Des dessins ? des fics ? des bannières ? ect ? venez poster tout ça ici !

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Nanard
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GROS NIBARS

Message par Nanard »

Maintenant que j'ai votre attention, voici à présent un roman que je suis en train d'écrire et qui s'intitule Le Livre. Si si, un livre qui parle d'un livre. Je compte le faire éventuellement publier.

Je ne vous dévoilerai rien sur le scénar pour l'instant, j'aimerais que vous le découvriez par vous-même. Et si vous avez besoin de détails pour vous encourager à lire, sachez que dans ce prologue, il y aura des tas de morts, des trucs immondes et complètement inhumains. Le pire c'est que c'est vrai mdr.

EDIT : Si certains mots sont coupés par un tiret, c'est que j'ai mis la casse sur Word, donc euh, dites-moi si vous en voyez et je les retirerai. J'en ai vu que deux pour l'instant.
Prologue

Les trois hommes s’aventuraient à travers les ruines de ce qu’avait jadis été une grande ville grouillante de vie. À peine quelques heures auparavant, des marchands ouvraient leurs boutiques pour la journée, des enfants couraient dans les rues en rigolant, des couples se cajolaient sur les bancs de parc, des citadins promenaient leurs chiens, bref, la vie suivait son cours. Ceux qui s’étaient levé ce matin-là ne se serraient jamais douté de ce qui adviendrait de leur monde. Pour chacun d’eux, une journée tout à fait comme les autres avait débuté. Même les militaires installés en ville ne s’étaient doutés de rien. Ils étaient parvenus à capter certaines communications ennemies un peu plus tôt, mais ils n’y voyaient qu’une banale mission de reconnaissance aérienne. Et même lorsque les bruyants B-29 étaient passés au dessus de leurs têtes, ils avaient continué de croire qu’ils s’étaient perdus en chemin. Personne n’aurait pensé que cette petite ville était la cible.

Mais à présent, tout n’était que ruines. À vrai dire, le mot est faible, car en réalité, il n’y avait pratiquement pas de débris. Les bâtiments situés à proximité de l’impact avaient pratiquement fondu tant la chaleur avait été intense. La végétation s’était enflammée et consumée instantanément, le sol s’était liquéfié sous les pieds des passants. La plupart n’eurent même pas le temps de souffrir ; en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il ne leur restait que les os.

Évidemment, tout ceci concerne ceux qui étaient près du point d’impact de la bombe. Les citadins situés quelques kilomètres plus loin furent encore plus malchanceux, car bien que la plupart d’entre eux aient survécus à l’onde de choc et à la chaleur abominable de l’explosion, les blessures qui s’en suivirent dépassèrent tout entendement. Au cours de leur avancée à travers les restes fumants de la ville, les trois médecins avaient eu la « chance » d’ausculter plusieurs grands brûlés. Aucun d’eux ne put soulager les maux des mourants qui erraient à travers les débris tels des âmes damnées. Ils avaient tous un point commun : leur peau avait fondu en partie et tombait maintenant par plaques, si bien que de loin, certains semblaient porter des vêtements en lambeaux.

Les plus chanceux d’entre eux, ceux qui portaient des vêtements blancs, évitèrent les plus graves brûlures, le blanc réfléchissant la chaleur, mais ceux qui étaient habillés de noir ou de couleurs sombres ne bénéficièrent d’aucune pitié. Les motifs imprimés sur leurs vêtements restèrent gravés sur leur peau, qui coula ensuite comme du chocolat, exposant leurs muscles qui se carbonisèrent aussitôt. Et le pire, c’est que la plupart survécurent. Du moins, pour l’instant, car dans les jours, les semaines et les mois qui suivraient, la très grande majorité des survivants périraient des suites des radiations meurtrières.

En continuant leur traversée de la cité, les trois médecins décidèrent d’ignorer les plaintes des cadavres ambulants qui rampaient autour d’eux. C’était trop dur. De chacun savait que c’était inutile. Les brûlures étaient beaucoup trop importantes, les hurlements trop terrifiants. Même Fukuda, le doyen et chirurgien du groupe, qui avait passé trente-quatre à opérer et à soigner les blessures les plus ignobles, n’avait pu réprimer un sanglot.

C’était horrible, tout simplement horrible. Et même, le mot était faible. Ce qu’ils voyaient ne pouvait et ne pourrait jamais être décris, même avec la meilleure volonté du monde. Les mots et les images ne pourraient jamais prétendre pouvoir transmettre toute cette souffrance, tout ce désespoir. Pendant les décennies à venir, les gens regarderaient des images de la catastrophe ou liraient des articles à son sujet tout en se disant « c’est horrible », « c’est inhumain », etc. Mais personne, de tous ceux qui n’avaient pas assisté à ceci, ne pourrait jamais réaliser pleinement tout l’ampleur du désastre. Et c’était tant mieux.

Soudain, les trois docteurs aperçurent un soldat qui titubait vers eux, se masquant le visage et hurlant à pleins poumons. Il semblait aveugle et marchait maladroitement parmi le gravât, puis se pris les pieds dans un cadavre noirci avant de tomber à la renverse. Les trois hommes s’approchèrent de lui, mais lorsqu’ils virent son visage, ils bondirent en arrière. Jamais ils n’avaient vu cela. Les yeux du soldat s’étaient liquéfiés et coulaient sur ses joues comme de grosses larmes blanches. Le reste de son visage avait pratiquement entièrement fondu, révélant les os saillants de son crâne. Le plus jeune des trois, Minori de son prénom, ne put s’empêcher de vomir.

– Tout est de ma faute ! lança le soldat au grand étonnement de tous. Tout est de ma faute ! Tout est de ma faute !
– Calmez-vous, monsieur, fit Fukuda d’une voix apaisante. Tout ira bien. Voilà.
– J’ai tué tout le monde… je suis un idiot… un idiot… je suis un idiot…, continua de débiter le pauvre homme. Si égoïste… si égoïste…
– Il délire, fit remarquer Nishida, un médecin qui exerçait dans un village situé à dix kilomètres de là et qui était venu prêter main forte aux médecins dépêchés sur les lieux en provenance de toute la région.
– Nous n’avons plus de morphine, murmura Minori qui s’était ressaisi.
– De toute façon, je doute fort que la morphine ne soulage quoique ce soit, tonna Fukuda. Je n’ai jamais vu de telles brûlures…
– Vous croyez qu’il était à la base militaire ?
– Ce serait dur à croire, fit mollement Nishida. La bombe a explosé tout près de la base. Vu les dégâts qu’elle a causé quatre kilomètres plus loin, je doute fort qu’il y ait des survivants. Il devait patrouiller en ville et il aura regardé l’explosion, ce qui expliquerait que ses yeux aient…
– Oui, ça se tient…, déclara Fukuda.
– Tuez-moi…, finit par dire le blessé. Par pitié, tuez-moi !

Les trois hommes furent pris au dépourvu. Bien sûr, c’était la meilleure solution dans un cas comme celui-ci, mais aucun d’entre eux ne voulaient enlever la vie. Ils étaient médecins après tout. Et puis, ils n’étaient pas armés.
– Prenez mon arme…, gémit le soldat. Visez la tête. Allez… J’ai si mal… C’est insupportable…
– Je suis navré, monsieur, mais il est hors de question que nous fassions une telle chose, lança Fukuda d’un ton solennel. Nous allons vous sortir de là, soldat, tenez bon.
– NON ! hurla l’homme. JE VEUX MOURIR ! MÊME SI JE SURVIS, JE NE POURRAI JAMAIS…

Il se tortilla sur le sol comme un ver. Apparemment, il essayait d’attraper son revolver, mais ses bras squelettiques n’avaient pas même la force de plier. Et pour cause, les muscles étaient entièrement calcinés. Il cessa finalement de bouger et recommença à parler. C’était comme s’il avait tout simplement oublié qu’il souffrait. À vrai dire, la douleur était si intense que son cerveau ne parvenait même plus à l’assimiler et c’était un miracle s’il était toujours conscient.

– De sales enfoirés ces Américains…, reprit le soldat. Mais… mais on ne peut pas trop leur en vouloir, pas vrai ? Surtout… surtout que c’est… que tout est arrivé… par ma faute…

Le pauvre homme était maintenant secoué de tremblements. Nul doute qu’il ne tiendrait plus très longtemps.

– Cessez de dire que c’est de votre faute, le réprimanda Fukuda. Comment pouvez-vous dire ça ? Avez-vous un quelconque contrôle sur cette guerre ? Non, soldat.
– Prenez le Livre…, murmura l’homme.
– Le livre ?
– Prenez le Livre. Je vous dis de prendre le Livre ! Prenez ce foutu Livre !

Ils ne mirent pas longtemps à comprendre. Un petit journal gisait près de la tête du soldat. Sa couverture en cuir bourgogne semblait intacte. Il était scellé par une languète qui se bouclait sur le dessus. Minori le prit soigneusement entre ses mains et l’ouvrit.

Il fut immédiatement stupéfait par l’état de conservation de l’ouvrage. Non seulement la couverture n’avait pas même la moindre éraflure, mais les pages étaient immaculées. Plus tôt, ils avaient assisté à un phénomène semblable, en passant près d’une librairie dont les livres n’étaient pas brûlés, dû au fait que le blanc des pages reflétaient la chaleur. Toutefois, l’encre noire des idéogrammes avait fondu et coulé sur toutes les pages. Ce n’était visiblement pas le cas ici. Non, ce livre semblait tout frais sorti de l’imprimerie.

Mais ce n’était pas le plus étrange. Le livre semblait être un journal intime, mais il était écrit à la manière d’un roman. « Soudain, je trouvai une liasse de cinquante mille Yen glissée sagement dans ma boîte aux lettres. » lut Minori en feuilletant l’ouvrage. « Après le boulot, Tanaka-chan vint me rejoindre à ma voiture et me fit des avances. » « En traversant la rue ce matin, Kameni se fit fauché par un chauffard. Il mourut sur le coup. » « Soudain, la femme assise à l’autre bout du comptoir se leva et vint me proposer de lui faire l’amour dans les toilettes de l’établissement. »

Minori parcourut le journal en s’attardant sur pratiquement chaque page. Si c’était un journal, ce soldat était un homme extrêmement chanceux. Du moins, jusqu’à aujourd’hui.

Il s’arrêta finalement à la dernière page. Son front se plissa lorsqu’il lut la dernière phrase.
« Cette semaine-là, la guerre prit fin. »

Ce ne pouvait être un journal. Probablement une sorte de récit où le soldat avait écrit tout ce qu’il aurait voulu qu’il se produise. Amasser une grosse somme d’argent, avoir une aventure avec une collègue, voir mourir un ennemi. Et mettre fin à cette guerre interminable.

En refermant le livre, Minori tomba sur la toute première page. Il fut immédiatement frappé par le contraste avec le reste du récit. Ce qui y était écrit n’avait tout bonnement aucun sens. « Une femme nue apparaît dans ma chambre. » « Il pleut des diamants. » « Je peux voler. » « Mon pénis devient plus gros. »

À partir de la seconde page, tout semblait devenir plus cohérent. « Mon voisin meurt d’une crise cardiaque. » laissait place à « Un homme dans la rue m’offre une valise pleine d’argent. »

– Vous comprenez maintenant…, marmonna le soldat.
– À vrai dire, non, je ne comprends pas, dit sincèrement Minori.

Nishida lui arracha le bouquin des mains et en lut quelques bribes, puis le passa à Fukuda.

– Vous vous appelez Matsuda Ryôta ? demanda ce dernier en consultant le livre. C’est ce qui est écrit sur la première page.

Mais alors qu’il prononçait ces mots, les idéogrammes disparurent. Stupéfait, Fukuda continua d’admirer la page vierge, sous les regards intrigués de ses collègues. Puis, de nouveaux symboles apparurent pour former : Fukuda Tenshin.

– Mais… quelle est cette magie ? bredouilla-t-il, complètement déboussolé.
– Ce livre est maudit ! lança le soldat Matsuda en gesticulant. Débarrassez-vous-en dès que vous le pouvez ! Jetez-le dans la mer, non, enterrez-le plutôt. N’essayez même pas de le brûler, ça ne servirait à rien… Mais surtout… surtout, ne vous laissez pas envoûter par son pouvoir. Il vous détruirait comme il m’a détruit…

C’est alors que Minori comprit.

– Tendez-moi ce livre, Fukuda-san.
– Il n’en est pas question, répondit sèchement celui-ci.
– Je vous le rendrai, promis. Je veux simplement…
– Me le voler, reprit le vieil homme en plissant les yeux plus qu’ils ne l’étaient déjà. Ce livre semble renfermer un incroyable pouvoir et il n’est pas question que je laisse un jeune étudiant débraillé dans votre genre s’en servir à des fins personnelles et puériles.
– Vous me jugez mal, Fukuda-san.
– Messieurs, ce n’est pas la peine de s’emporter, fit Nishida, qui semblait être le seul à n’avoir rien comprit. Ce n’est qu’un livre ! Un simple livre ! Nous devrions plutôt nous concentrer sur les blessés et Dieu sait qu’il y en a beaucoup.

– Mais allez-vous vous taire ? grogna Fukuda en jetant un regard furieux en direction de son collègue. Qu’est-ce qu’un banal médecin de village peut bien savoir de ce qui est important ou non ? Quelle est la maladie la plus grave que vous ayez jamais soignée ? La syphilis ? Laissez-moi rire !

Nishida se détourna des deux médecins et s’accroupit auprès du blessé. Il ne comprenait pas la situation et préféra ne pas provoquer ce vieux fou. Ils étaient tous à cran avec cette catastrophe, mais ce n’était absolument pas le moment de s’emporter pour des broutilles.

Soudain, Matsuda Ryôta l’attrapa par le col de sa chemise et l’approcha de lui.

– Ne le laissez pas partir avec le Livre… Il est dangereux, il va commettre la même erreur que moi et causer la mort de millions de personnes, j’en suis sûr…
– Mais de quoi parlez-vous, bon sang ?
Matsuda murmura dans son oreille. Plus il parlait, plus les yeux de Nishida s’écarquillaient, si bien qu’on aurait pu croire qu’il était Européen.
– Montrez-moi ce livre, Fukuda, lança-t-il après s’être relevé. Je veux le voir.
– Mais bon sang ! pesta le chirurgien. Vous n’allez pas vous y mettre vous aussi ?
– Fukuda, je veux ce livre.
– Ne lui donnez surtout pas, Fukuda-san, le supplia Minori. D’accord, gardez-le, mais ne lui donnez pas. C’est un modeste généraliste, il s’en servirait pour assouvir sa soif de richesse, croyez-moi.
– Enfin quelqu’un qui entend la voix de la raison ! lança Fukuda d’un ton faussement joyeux.
– Espèce de petit imbécile ! ragea Nishida en regardant froidement Minori. Vous ne voyez donc pas que ce vieux cinglé se joue de nous ? J’ai entendu son entrevue à la radio, le mois passé. Il voue une haine sans limite aux Américains.
– Mais voyons, qui ne les hait pas ? s’exclama Fukuda. Vous voyez ce qu’ils ont fait à cette ville ? Et qui nous dit qu’ils ne recommenceront pas ?
– Mais attendez, objectiva Minori, vous oubliez que nous sommes les premiers à les avoir attaqué.
– Vous êtes stupide ou vous le faites exprès ? Un port militaire ! C’est un port militaire que nous avons attaqué ! Au pire ils auront perdu quelques destroyers. Mais est-ce que c’est une raison pour tuer des millions d’innocents ? Personne n’a voulu de cette guerre avec les Chinois, encore moins avec les Américains. Pourquoi faire payer le peuple pour les erreurs des dirigeants ?
– Arrêtez votre cinéma, Fukuda, grommela Nishida. Nous savons bien que vous ne pensez qu’à faire sauter leur charmant petit pays. Vous n’êtes pas mieux qu’eux. Et vous vous servirez probablement de ce livre pour vous venger.
– Non, non, non ! gémit le vieux médecin. Vous ne comprenez pas ! Ce livre pourra nous aider à améliorer la médecine, à améliorer notre technologie, et ainsi pouvoir éviter qu’un tel désastre ne se reproduise !
– Bien sûr, bien sûr. Mais qui croyez-vous donc convaincre avec de telles balivernes ? C’est effarant.
– Minori-kun, je vous en prie…
– Je…, dit-il avant d’être brutalement coupé par Nishida.
– Ne l’écoutez pas, Minori, vous êtes plus intelligent que ça.
– Ce n’est pas ce que vous disiez il y a une minute ! s’écria Fukuda. Ne l’avez-vous pas traité d’imbécile ?
– S’il vous fait confiance, c’est qu’il est bien un imbécile. Dans le cas contraire, nous aurons-là un futur médecin plein d’avenir.
– Oh et puis j’en ai marre, finit par dire Fukuda. Je m’en vais, je ne veux plus entendre vos sottises. Au revoir. Minori-kun, vous venez ? Non ? Eh bien tant pis. Je vous souhaite tout de même bonne chance pour la suite de vos études. Pour ce qui est de vous, Nishi…
– Vous n’irez nulle part, Tenshin, lança Nishida d’un ton glacial en brandissant le revolver de Matsuda.
– Vous n’oseriez pas.
– Vous voulez parier ?
– Messieurs, messieurs, allons ! lança Minori, complètement dépassé par la situation. Nous allons tous nous calmer et…
– Vous voulez être le premier à mourir, Minori ? lui demanda sèchement le médecin en désignant d’un mouvement de tête le vieux six-coups qu’il pointait sur Fukuda. Eh bien fermez-la. Plus un mot.
– Je ne vous donnerez pas ce livre, Nishida. Vous allez trop loin. Je ne manquerai pas de déposer une plainte à votre encontre.
– Et comment pourrez-vous porter plainte si vous êtes mort ? À moins que vous soyez de ceux qui croient à la vie éternelle ? Vous êtes peut-être bouddhiste ?
– Je ne suis pas bouddhiste. Mais déposez cette arme et je songerai peut-être à…
– LE LIVRE ! DONNEZ-MOI CE LIVRE, TENSHIN !
– Vous êtes un homme odieux et méprisable, Nishida.
– MAIS QU’EST-CE QUE JE PEUX BIEN EN AVOIR À FOUTRE BON DIEU DE MERDE ? J’AI ÉTUDIÉ TOUTE MA FOUTUE VIE POUR ME RETROUVER DANS UN VILLAGE DE MERDE À SOIGNER DES ONGLES INCARNÉS ! J’EN AI PLUS QU’ASSEZ DE CETTE VIE MISÉRABLE !
– C’est exactement ce que je pensais, vous…
– RIEN À FOUTRE DE CE QUE VOUS POUVEZ PENSER ! CE LIVRE VA ME SORTIR DE LA MERDE UNE BONNE FOIS POUR TOUTE ! DONNEZ-LE MOI OU BIEN…
– MAIS ALLEZ-Y DONC ! TIREZ-MOI DESSUS SI ÇA VOUS AMUSE ! VOUS N’AVEZ PAS LES COUILLES ! VOUS N’ÊTES QU’UN…

Fukuda Tenshin ne termina jamais sa phrase. Les exclamations de Minori furent enterrées sous la détonation du revolver. Le vieux chirurgien se tenait la poitrine ruisselante de sang en poussant un gémissement. Il s’agenouilla et regarda son assassin droit dans les yeux, abasourdi. Il semblait ne pas y croire.

– Vous… vous… m’avez… tirez dessus… espèce de… de petit… salo… salopard…

Il s’affaissa. Mort.

Minori n’en croyait pas ses yeux. Il n’osait même pas ouvrir la bouche. Nishida avait tiré sur Fukuda, comme ça, simplement parce qu’il était en colère. Pour un livre de surcroît. Un livre. Un foutu livre.

– Qu’avez-vous fait… ? souffla-t-il d’une voix à peine audible.
– Taisez-vous…, répondit Nishida en se massant le front. Laissez-moi réfléchir… Taisez-vous…
Minori ne se fit pas prier pour obéir.
– Ce qui est fait est fait…, émit le meurtrier comme réponse finale.
– Nous pouvons peut-être le ramener ? fit le jeune étudiant en désignant le livre maculé de sang. Vous savez…
– Ne soyez pas stupide, Minori. Vous avez vu comme moi que Matsuda à cessez d’y écrire des âneries après la première page. Il s’est sans doute rendu compte que c’était inutile, que seuls les événements possibles se produisaient.
– Nous pouvons tout de même…
– Je vous ai dit de la fermer ! Vous allez vous taire, oui ? Ou peut-être que vous voulez rejoindre Bouddha vous aussi ?

Sur ce, Nishida s’avança vers le corps de Fukuda pour ramasser le livre, mais quelque chose l’en empêcha. Une main avait agrippé sa cheville. Une main complètement carbonisée.

Matsuda Ryôta, complètement aveugle, avait suivit la dispute, consterné. Il était en train de mourir, il les mettait en garde contre le Livre, et ces imbéciles ne trouvaient rien de mieux à faire que de se disputer pour savoir qui en serait l’heureux propriétaire. Il n’aurait jamais dû parler. Il avait crut que les médecins étaient dignes de confiance et qu’ils comprendraient la gravité de la situation, mais non. Au lieu de ça ils s’insultaient comme des écoliers.

Et puis, le plus fourbe d’entre eux, celui qui avait mit le plus longtemps à comprendre, lui avait pris son arme et avait tiré sur celui qui tenait le Livre. La situation dégénérait dangereusement, il fallait faire quelque chose. Il avait donc puisé dans ses dernières forces et s’était rapproché à tâtons des pieds de Nishida, facilement repérable avec ses hurlements démentiels. Au moment où celui-ci s’était décidé à prendre le Livre, Matsuda avait saisit sa jambe.

Surpris, Nishida pivota sur place et se prit l’autre jambe dans le bras tendu du soldat, ce qui le fit tomber de tout son poids sur le pauvre Matsuda, qui rendit sans attendre son dernier souffle.

Profitant du tumulte, Minori sauta sur le dos de Nishida et lui plaqua le visage au sol, puis, d’une habile clé de bras, il s’empara du revolver et recula vers le cadavre de Fukuda en trébuchant au passage sur son bras. Tout en pointant l’arme vers Nishida, il prit le Livre et se releva. Le six-coups tremblait au bout de sa main. Il était plus lourd qu’il n’y paraissait.

Nishida regardait à présent Minori reculer maladroitement en tremblotant. Il avait peur. Il tenait l’arme et il avait peur. Quel trouillard.

– Tu fais une sacrée erreur, mon ami, lança Nishida sur un ton de défi.
– Ne vous approchez pas de moi ! Je suis armé !
– Bien sûr que vous êtes armé. Mais avez-vous retiré le cran de sûreté ?
C’était une ruse habile. Minori, nerveux, ne put s’empêcher d’approcher le revolver de ses yeux à la recherche d’un quelconque cran de sûreté. Il ne savait même pas à quoi cela ressemblait ou bien ou c’était situé. Il ne faisait même plus attention à Nishida. Grave erreur.

Minori fut projeté violemment au sol et se cogna la tête contre une grosse pierre. Il eut la vision trouble pendant un instant et ses doigts s’étaient desserrés d’autour du Livre et du revolver. Nishida les lui arracha joyeusement des mains, puis il contempla le bouquin d’un air hébété pendant plusieurs secondes, ce qui permit à Minori de se relever. Il tenait une brique craquelée dans sa main.

Nishida s’effondra, le visage maculé de sang. Tout en jurant, il chercha à tâtons l’arme qu’il avait laissée tomber, mais Minori avait été plus rapide. Il tenait le Livre ainsi que le six-coups. Pris d’une fureur sans nom, Nishida bondit au cou de l’étudiant qui tomba à la renverse.

Le coup partit tout seul. Il résonna pendant quelques secondes, se répercutant sur les débris des alentours. Nishida gisait apparemment sans vie, les jambes dans une position bizarre. Minori tremblait de tous ses membres. Il lâcha le revolver, qui tomba en projetant un petit nuage de cendres. Il venait de tuer un homme.

Takeuchi Minori se releva, le Livre dans une main, tentant de faire le point. Il se résigna finalement à fuir les lieux du crime.

Ce jour-là, le 6 août 1945, à 8h15, un B-29 américain baptisé l’Enola Gay avait lâché une bombe d’une puissance phénoménale au dessus de la ville japonaise d’Hiroshima. Une bombe conçue spécia-lement pour l’occasion grâce aux précieux conseils d’Albert Einstein, qui à l’époque craignait qu’Hitler ne soit en mesure de fabriquer sa propre bombe atomique. Après l’attaque de Pearl Harbor en 1941, un port militaire situé à Hawaii, le président Roosevelt avait déclaré officiellement la guerre au Japon. S’en suivirent plusieurs affrontements, dont le plus notable fut la prise d’Iwo-jima, une île au large d’Honshu.

L’attaque la plus meurtrière fut néanmoins le bombardement du 6 août, commandé par le président sortant Harry Truman. Personne n’aurait jamais soupçonné qu’une telle puissance pouvait être déchaînée. La chaleur à proximité du point d’impact atteignait facilement les cent millions de degrés, selon les experts qui avaient enregistré les données à bord du B-29. L’onde de choc, elle, se fit ressentir sur huit kilomètres. Certains villages environnants eurent les vitres de tous leurs bâtiments réduits en poussière, tandis que les habitants subissaient de multiples brûlures semblables à des coups de soleil. Et comme si ce n’était pas assez, trois jours plus tard, une seconde bombe était larguée sur Nagasaki, faisant encore plus de victimes. Le 15 août, l’empereur Hirohito annonça à la radio la capitulation sans conditions du pays. L’armée américaine occupa le Japon pendant encore six ans, puis le traité de paix de San Francisco les renvoyèrent chez eux. Seul Okinawa resta sous contrôle américain, mais fut rendue aux Japonais en 1972.

Les Japonais n’oublièrent jamais cette démonstration monstrueuse de force. Encore aujourd’hui, des survivants de l’attaque périssent des radiations. Heureusement, les bombes A avaient explosé à quelques kilomètres au dessus des deux villes, ce qui empêcha le sol d’être contaminé. Toutefois, en ce moment même, des milliers de bombes comme celles-ci sont encore en service, aux États-Unis et en Russie principalement.

Heureusement, l’humanité n’entendit plus jamais parlé d’une attaque nucléaire. Le pire était passé.

Pour ce qui est de Minori, il termina ses études et devint un brillant médecin et spécialiste de la radioactivité. Et il n’avait pratiquement pas eu recours au Livre pour atteindre son but. Toutefois, il voulut rendre hommage à Fukuda Tenshin et, grâce au Livre, son pays fit des avancées miraculeuses dans le domaine des technologies et de la médecine. La croyance populaire veut que les bombes atomiques aient permis au Japon de se développer, mais c’est tout à fait absurde. En réalité, il ne s’agit là que d’un odieux mensonge dont se servirent les Américains pour excuser leur geste.

Ainsi, Takeuchi Minori ne se servit qu’en de très rares occasions du Livre pour assouvir ses désirs, découvrant bien vite les risques que cela apportait. Matsuda Ryôta avait un jour souhaité que la guerre se termine. Elle s’était bel et bien terminée, avec quelques millions de morts. Un simple souhait qui avait des répercussions gigantesques.

Mais un jour, Minori, qui avait laissé partir l’amour de sa vie, avait écrit dans le Livre que son avion en direction de San Francisco serait annulé. Il fut effectivement annulé, après qu’un avion en provenance de Jakarta dont les freins d’atterrissage refusaient de se déployer s’écrasa sur la piste, tuant tous ses passagers dans une effroyable explosion de kérosène. Rongé par le remords, il n’avait pu se résigner à se rendre à l’aéroport. Sa belle était finalement partie pour les États-Unis, où elle comptait refaire sa vie.

Suite à cet incident, il avait enterré le Livre dans une vaste prairie près de Kyôto, suivant les directi-ves de son précédent propriétaire. C’était la seule façon de s’en débarrasser, le Livre étant totalement immunisé contre tout type de mauvais traitement. Même les ciseaux se tordaient au contact des feuilles, qui pourtant semblaient toutes aussi fragiles que celles des autres bouquins.

Jamais Minori n’aurait crut que vingt ans plus tard, un gigantesque hôtel serait construit au beau milieu de cette prairie. Il n’aurait jamais crut non plus que le Livre serrait déterré par mégarde par un jeune touriste français quelques décennies plus tard. Et jamais il n’aurait crut que ce garçon mènerait le monde à sa perte.
Voilà. C'est un peu long pour un prologue, mais bon.

Vous me direz que c'est du "vu et revu", que c'est comme Death Note, toussa, je vous répondrai que c'est pas tout à fait le cas. En fait, je suis pas du tout l'inventeur du "livre dans lequel ce qu'on écrit se transforme en réalité". Plusieurs films, romans, mangas, etc, ont traité du sujet, et c'est normal, tout le monde rêverait de posséder un tel livre. En réalité, j'ai "inventé" le Livre quand j'étais tout petit. Je m'enfermais dans ma tête quand un truc m'emmerdait et j'avais plein d'histoires qui m'aidaient à échapper au monde réel ou à "réécrire l'histoire". Tout le monde s'est déjà imaginé casser la gueule du gros fils de pute de l'école, n'est-ce pas ?

Ensuite j'ai eu envie de construire une histoire autour de ça. Je sais pas pourquoi, mais dès le début, je voulais que le bombardement du Japon soit un résultat de ce Livre.

J'espère que vous avez apprécier le prologue. J'ai déjà deux autres chapitres d'écrits, je les réserve pour plus tard. Ils sont sensiblement différents du prologue toutefois. M'enfin, vous verrez ça en temps et lieux. Merci.

PS : Je posterai une version Word aussi, mais là j'ai pas le temps.
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Mugul 76 a écrit :Je le jure wallah, sur le Coran chuis pas cisgenre
Kroki a écrit :l'inceste entre frères et sœurs why not ;)
Arpg a écrit :Je préfère sodomiser un lion, plutôt que les chimpanzés
Fynmorph a écrit :jsuis trop chaud pour faire de l'eugénisme perso
Kirby a écrit :Poyo!
Kroki a écrit :I need a man who can make me orgasm have u ever made a chick squirt?? hehe
grignotez moi le walruce

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Jackfiouse
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Re: GROS NIBARS

Message par Jackfiouse »

Bien sûr, on ne peut nier la ressemblance à Death Note.
Malgré cela, j'ai trouvé ce prologue excellent et très bien écrit.

Sinon pour les tirets de trop :
Une bombe conçue spécia-lement pour l’occasion grâce aux précieux conseils d’Albert Einstein
suivant les directi-ves de son précédent propriétaire
Et tu as oublié le mot "ans" à ce passage :
Même Fukuda, le doyen et chirurgien du groupe, qui avait passé trente-quatre [ans] à opérer et à soigner les blessures les plus ignobles, n’avait pu réprimer un sanglot.
(C'est pas grand chose mais c'est bien de le préciser.)

Tu peux être sûr que si tu le publies, j'achèterai ton livre.
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Re: GROS NIBARS

Message par War' »

Ca fait plaisir de voir mon romancier préféré de ce forum poster une telle oeuvre. :P

J'ai pas grand-chose à dire. J'adore toujours autant ton style d'écriture, et je trouve pas ce qu'on a vu du scénario si "vu et revu" que ça personnellement.
J'attends la suite avec impatience. Et je rejoins Jack, tu peux me compter parmi les acheteurs si ton livre est édité un jour. :wink:

Ah, et concernant les fautes et autres erreurs syntaxiques:
Ceux qui s’étaient levé ce matin-là ne se seraient jamais doutés de ce qui adviendrait de leur monde.
De chacun savait que c’était inutile.
Je crois que le "de" est de trop, non ?
Ce qu’ils voyaient ne pouvait et ne pourrait jamais être décrit
liraient des articles à son sujet tout en se disant « c’est horrible », « c’est inhumain », etc.
Majuscules aux deux "C'est", il me semble.
Il semblait aveugle et marchait maladroitement parmi le gravât, puis se prit les pieds dans un cadavre noirci avant de tomber à la renverse.
De toute façon, je doute fort que la morphine ne soulage quoi que ce soit, tonna Fukuda.
(oubli d'un espace)
Il était scellé par une languette qui se bouclait sur le dessus.
« En traversant la rue ce matin, Kameni se fit faucher par un chauffard. Il mourrut sur le coup. »
– Messieurs, ce n’est pas la peine de s’emporter, fit Nishida, qui semblait être le seul à n’avoir rien compris.
– Je ne vous donnerai pas ce livre, Nishida.
– Vous… vous… m’avez… tiré dessus… espèce de… de petit… salo… salopard…
Vous avez vu comme moi que Matsuda a cessé d’y écrire des âneries après la première page.
Il avait cru que les médecins étaient dignes de confiance et qu’ils comprendraient la gravité de la situation, mais non.
Au moment où celui-ci s’était décidé à prendre le Livre, Matsuda avait saisi sa jambe.
Heureusement, les bombes A avaient explosé à quelques kilomètres au dessus des deux villes, ce qui empêcha le sol d’être contaminé.
Ce "A" me semble en trop lui aussi.
Heureusement, l’humanité n’entendit plus jamais parler d’une attaque nucléaire.
Jamais Minori n’aurait cru que vingt ans plus tard, un gigantesque hôtel serait construit au beau milieu de cette prairie. Il n’aurait jamais cru non plus que le Livre serait déterré par mégarde par un jeune touriste français quelques décennies plus tard. Et jamais il n’aurait cru que ce garçon mènerait le monde à sa perte.
Waah, les signatures de forum. Ça vous file un de ces coups de vieux...
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Nanard
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Re: GROS NIBARS

Message par Nanard »

Ok omg j'ai vraiment fait des fautes partout, merci War (et des fautes de merde en plus, genre "à cessez" ptdr) J'ai honte.

Par contre :
War' a écrit :Je crois que le "de" est de trop, non ?
C'est une formulation étrange, mais ça se dit.
War' a écrit :Majuscules aux deux "C'est", il me semble.
Non, on met pas de majuscules dans des guillemets.
War' a écrit :Ce "A" me semble en trop lui aussi.
Non. Bombe A = Bombe atomique.

Merci beaucoup en tout cas !
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Mugul 76 a écrit :Je le jure wallah, sur le Coran chuis pas cisgenre
Kroki a écrit :l'inceste entre frères et sœurs why not ;)
Arpg a écrit :Je préfère sodomiser un lion, plutôt que les chimpanzés
Fynmorph a écrit :jsuis trop chaud pour faire de l'eugénisme perso
Kirby a écrit :Poyo!
Kroki a écrit :I need a man who can make me orgasm have u ever made a chick squirt?? hehe
grignotez moi le walruce

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