Chapitre 4
Cette nouvelle journée ressemble presque en tout point aux autres. Ennui, ambiance morose, indifférence. Par chance, pas de bizutage aujourd'hui, et je peux lire le livret m'ayant été confié la veille par Sarantu. Reprenant tout ce qui avait été dit, mais de manière plus ordonnée, j'apprends également de nouvelles choses, telles le mode de vie des apprentis, le contenu des enseignements, la nature des équipements et les fonctionnalités de l'armure. Il semblerait d'ailleurs que cette dernière puisse conférer un pouvoir décuplé aux mains et pieds, ce qui peut s'avérer utile en cas de perte de la lame. Je dois également revenir chaque jour sur Anuva, ne serait-ce que pour prendre des nouvelles, je peux y rester le temps que je souhaite.
Pendant ma lecture, Wolfgang passe près de moi, ses sbires le suivant tels de petits chiens, et sa petite amie, Blanche, sous son bras. Cette fille ne fait que confirmer un fait bien répandu : les femmes préfèrent les brutes. Blanche n'y fait donc pas exception, dommage, pour une beauté telle qu'elle. Un ange tombé du ciel, fragile, timide, resplendissant. Comme tous les gars du lycée, j'ai un jour voulu espérer sortir avec elle. Erreur fatale. À peine approché d'elle, lui proposant un verre en bafouillant, elle me répondit d'un soupir méprisant avant de s'éloigner. Ce fut le jour de la semaine où j'ai médité devant mon nœud coulant, que j'ai envie de servir chaque semaine, mais je parviens à me retenir.
Blanche est donc en couple avec l'homme me bizutant le plus. Je vois pourtant dans ses yeux qu'elle n'est pas à l'aise. Elle semble ne pas se plaire à ses côtés. Le groupe passe devant moi, stoppant soudainement toute conversation, laissant un silence glacial s'épanouir. Une fois assez loin, j'entends les rires fuser et vois les doigts se pointer vers moi. Encore des moqueries. Quand je ne suis pas bizuté, je suis montré du doigt.
Il se trouve par le plus grand des hasards que je reprends ma lecture au paragraphe me garantissant un gain d'assurance en société, et une répartie considérable.
Le soir, Sarantu revient comme promis dans ma chambre, de la même manière que la veille.
« Bonsoir Igor, as-tu pris ta décision ? »
En guise de réponse, je lui tends le formulaire d'inscription rempli et signé. Il faut dire que le petit épisode des moqueries aujourd'hui a joué un rôle important, le fait d'y trouver la réponse dans le livret aussi. Sarantu récupère le papier, un sourire se dessine sur son visage simplifié.
« Alors, bienvenue chez les Mikava ! »
M'invitant à le rejoindre sur Anuva, je franchis la porte et découvre que la capsule a cédé sa place à une petite chambre, à peine plus grande que la mienne, en nuances bleu-clair. Un bureau avec une sorte d'ordinateur avant-gardiste faisant passer les Mac d'Apple pour des locomotives à vapeur, une capsule cylindrique semblable à une cabine de douche, un tableau d'informations mis à jour avec les récentes promotions et l'emploi du temps, un lit, une horloge, un tapis, des toilettes et une machine à café. Étrangement, le café garde sa couleur brune et son goût tel qu'on le trouve sur Terre, sans subir les réglementations planétaires. Une fois le tour de l'endroit réalisé, le chevalier m'apporte des explications.
« Bienvenue dans ta chambre, elle porte le numéro 50042. Avant d'en sortir pour rejoindre la grande salle des apprentis, où je t'offrirai une visite guidée, tu dois choisir un pseudonyme parmi ceux affichés sur le tableau d'informations.
- Ardamu.
- À peine un regard et le choix est fait ? Un sentiment quelconque ? Un bon feeling ?
- On peut dire ça, ouais.
- Bien, voici ta toge. »
Sur ces mots, mon hôte tend le bras, et mon corps change du tout au tout. Je ne sens rien, et pourtant, ma vision se retrouve bientôt affublée du nom ''Sarantu'' dans le coin supérieur gauche, indiquant par une flèche le personnage étant face à moi. Ce dernier referme la porte menant à la Terre et matérialise sa toge aux reflets verts en lieu et place de son armure. Je baisse le regard, le chevalier sort de mon champ de vision et son nom également, j'observe ma nouvelle allure, une toge claire aux reflets bleus recouvre l'ensemble de mon corps, mais laisse les mouvements de mes bras et jambes amples. Un miroir se situe dans la chambre, j'y jette un œil et me vois, méconnaissable, les formes de mon visage étant simplifiées. J'ai également les cheveux coupés à ras, comme tout le monde ici. Heureusement, je garde ma chevelue dans le monde réel, du moins... d'après le livret. Une mention ''Vous êtes ici'' m'indiquant par une flèche apparaît là où était le nom ''Sarantu'' tout à l'heure. J'observe à nouveau mon mentor, son nom réapparaît.
« On a du mal à s'y faire au début, mais t'en fais pas, ça passe tout seul. Tiens, prends ça également. »
Sur ces mots, il insère un cylindre d'un bleu transparent, d'un demi-décimètre de long, dans un compartiment adapté d'un centimètre de diamètre étant apparu sur ma hanche gauche. Je ne sens rien, mais la mention ''Chambre installé'' s'affiche dans mon champ de vision pendant trois secondes avant de disparaître. Les explications du chevalier continuent.
« Tu viens de recevoir ton premier programme. Ne t'en fais pas pour la faute de grammaire apparente, simplement, ''installé'' s'accorde à un ''programme'' et ne détecte pas si son nom est masculin ou féminin. De petits cylindres de ce type peuvent contenir des codes te permettant d'appliquer des fonctions ou de matérialiser toutes sortes d'objets rien qu'en y pensant. Avec celui-ci, concentre-toi simplement sur la pensée ''Retour à la chambre'' pour te retrouver téléporté ici, sans avoir à rechercher le lieu parmi les environ cinquante mille pièces du même type se trouvant au niveau bleu. »
Ceci est également expliqué dans le livret. J'ai appris beaucoup de choses à sa lecture, mais des questions restent en suspens. Sortant de ma chambre, nous arrivons sur un réseau de chemins aériens reliant entre elles les cinquante mille chambres environ. Je profite de la visite des lieux offerte par Sarantu pour m'éclairer un peu.
« Si je comprends bien, je suis donc maintenant votre apprenti, comment dois-je vous appeler ?
- Par mon pseudo ou mon grade, c'est au choix.
- Ça fait beaucoup de chambres, je peux rentrer dans celles des autres pour leur faire des blagues ?
- Pas de chance, il doit te donner le code de sa chambre pour t'en autoriser l'accès. Pour cela, il peut générer un cylindre par son flanc droit. »
Sur ces mots, le chevalier m'indique une ouverture identique à celle de mon flanc gauche, mais sur ma hanche droite.
« C'est en quelque sorte un port de sortie, alors ?
- On peut dire ça, oui. Pour créer un cylindre contenant le code de ta chambre ou autre chose, pense ''Générer Programme Chambre''. Comme pour le reste, tu ne sentiras rien et tu verras le cylindre sortir à moitié, tu n'auras plus qu'à l'extraire manuellement.
- Et je peux en sortir d'autres comme ça ?
- Tout ce que tu auras installé pourra être généré en cylindre. Il faut penser ''Générer Programme'' suivi du nom du programme en question pour ce faire. Ça ne marche pas pour les autres chambres, intimité oblige. Quelqu'un t'ayant donné le code de sa chambre ne sera pas forcément ravi que tu le donnes à d'autres. Certains cylindres d'autres couleurs associées aux grades circulent également, ils sont réservés à ceux portant ce grade, ou un autre supérieur. C'est écrit dans le livret, mais l'as-tu lu ?
- Pas tout, j'avais pas trop de temps. »
La conversation continue de manière légère, porte sur la pluie et le mauvais temps. Nous descendons le chemin, qui est finalement relié au sol. Mon mentor me parle d'aspects abordés dans le livret, que j'aurais oublié, ou pas lus tout simplement. Nous sortons, et il me guide dans un des petits bâtiments annexes se trouvant sur Anuva.
« L'académie est réservée aux chambres et aux salles de Conseil. Chaque chevalier se voit attribuer une petite bâtisse à l'extérieur pour dispenser les cours à ses élèves. Le pouvoir est plus ou moins décentralisé. Parmi ces annexes, on trouve aussi des salles d'entraînements à la manipulation des armes et des boutiques de cylindres, où certains Mikava vendent des équipements usuels, où des créations fantaisistes de leur cru. Chacun peut créer tout et n'importe quoi à partir d'un code de programmation laissé par le fondateur, du presse-papier à la voiture de sport. Tout est crée sur l'ordinateur de la chambre.
- Ce fondateur n'a-t-il pas de nom ?
- Maradu, mais on préfère l'appeler ''Créateur'' ou ''Fondateur'' par respect. »
Sur ces mots, nous entrons dans la salle d'enseignement de mon mentor. Épurée, on peut toutefois y distinguer un écran d'une trentaine de pouces, pouvant permettre des résolutions d'écran d'une définition à en faire pâlir d'envie tous les fabricants de téléviseurs, faisant passer le 16/9 pour une antiquité, au même titre que ces vieux tubes cathodiques qu'on trouve encore chez les nostalgiques, ou les plus pauvres, comme moi.
Assis au sol, deux autres apprentis. Garatu et Faclastu, d'après ce qui me vient à l'écran. Sarantu fait les présentations.
« Nous préférons nous asseoir au sol, limitant les contraintes et permettant la décontraction et l'apaisement de l'esprit. Mes deux autres élèves s'accordent avec ce mode de pensée. Garatu ici présent est un de mes apprentis depuis deux semaines, il est atteint d'une grave maladie qu'aucun médecin n'a voulu traiter sur Terre. En effet, il ne pouvait s'empêcher d'interrompre des interlocuteurs pour faire des blagues lourdes à chaque mot.
- … teur de camion ! HA HA HA !
- Prometteur, car il attend maintenant que les autres aient fini de parler pour dire son mot. L'objectif est de parvenir à zéro blague lourde, et éventuellement à quelques blagues occasionnelles mais bien placées.
- … bo ! HA HA HA !
- Bon, il arrive parfois qu'on en ait marre aussi. »
Sur ces mots, Sarantu insère un cylindre dans Garatu.
« C'est une sorte de sédatif, qui le calme pour une heure ou deux, le rendant attentif aux cours et... normal. Bref, mon deuxième élève, Faclastu, est ici depuis deux mois et est en fin de formation. Grand timide, il a cependant gagné en répartie et s'est imposé en société et a désormais plein d'amis au bureau. L'objectif final est qui forme un couple, pendant plus d'une semaine. »
Nous échangeons les politesses, telles ''Enchanté'', ''Comme vous êtes grand !'' et j'en passe, puis je m'assieds, prêt à assister à mon premier cours.
Chapitre 5
Sarantu s'assoit également, et commence son cours.
« Bonsoir, bonsoir... L'autre jour, maître Antartu m'a confié la mission de former Ardamu ici présent. Il devient donc mon 42ème apprenti, et je suis ravi de l'accueillir parmi nous, et je lui souhaite le même succès dans sa formation que les actuels chevaliers qui auront été sous mon aile. Bienvenue parmi nous !
Applaudissements de mes deux camarades.
- Les cours ressemblent aux réunions des alcooliques anonymes. reprends-je
- Idée reçue. Ici, personne n'est alcoolique. répond Garatu
Éclats de rire des deux autres.
- Tu vois, sous sédatif, tes blagues sont bonnes. Apprends à te calmer et à ne pas lancer le mot facile en permanence, et tu seras apprécié. dit Sarantu
- Je comprends, chevalier.
- Bien, à présent, parlons de vos expériences respectives. Vu que tu es lancé, commence, Garatu.
- Et bien. Hier, un gars m'a demandé ''Comment vas-tu ?'' et j'ai répondu ''Yau de poêle.''. J'ai lu la pitié sur son visage.
- Logique, cette blague est plus vieille que moi, et qu'est-ce que je suis vieux... répond Faclastu
- Et bien, mon ''vieux'' Faclastu, toi qui achèves ta formation, qu'en est-il avec cette Carolia dont tu nous parles depuis peu ?
- C'est très bien parti. Je l'ai invitée dans un excellent restaurant. Malheureusement, le rendez-vous n'a lieu que dans quinze jours, elle ne pouvait pas se libérer avant...
- Je suis ravi de voir que tu pressens au grade de chevalier. Même en ayant formé une quarantaine d'apprentis, je serai toujours ravi de voir l'un des miens gravir les échelons.
- Vous ne m'enlèverez pas cette impression de réunion des alcooliques anonymes.
- Mes cours ne sont pas longs, j'admets qu'il peut parfois y avoir de l'ennui, mais on s'y habitue. Aujourd'hui, on parle plutôt de notre vie, pour montrer qu'on réussit, qu'on échoue, que nous sommes humains, et tous dans la même galère. Quand plusieurs apprentis sont présents en même temps, on préfère parler des expériences sur Terre. Cela arrive rarement, mais vu que vous êtes avancés chacun à un différent degré, on préfère faire des cours ''intimistes''. On ne change pas de chevalier en fonction de la progression dans l'apprentissage, un seul mentor par dossier, pour analyser succès et échecs de manière plus optimale. Bien, autre chose à ajouter ?
- Non.
- Non.
- C'est le frère de Oui-Oui. HA HA HA !
- J'ai dû lui injecter une dose trop faible... »
Peu après, je me retrouve dans ma chambre, en compagnie de Sarantu.
« Bien, maintenant que Garatu et Faclastu sont partis, je te propose d'effectuer ton premier entraînement au maniement d'armes, pour te faire à l'idée du combat. Mais avant toute chose, tu dois configurer ton armure. »
Il pointe alors du doigt la cabine de douche repérée voilà quelques... dizaines de minutes maintenant. Je devrais dormir à cette heure-ci, personne n'aura remarqué mon absence, du moins, je l'espère. D'après le livret, il n'y a aucune distorsion temporelle entre Anuva et la Terre, le temps s'écoule sur Terre au même rythme que sur Anuva, et inversement.
Bref, j'entre dans la cabine. Le chevalier me dit simplement ''Tu verras, c'est intuitif. Je t'attends à l'extérieur.''. À l'intérieur, un bouton-poussoir et plusieurs trappes. Je sens que je vais le regretter, mais j'appuie sur le bouton malgré tout. La cabine se referme. Des écrans jaillissent des trappes, quinze pouces de diagonale environ. Une voix vocodée retentit.
« Bienvenue dans le programme de conception de l'armure de combat. Je m'appelle Mikava Sam et je vous guiderai pas à pas dans la conception de votre armure.
- Euh... bonsoir.
- Je ne comprends pas votre requête.
Un programme de voix pré-enregistrées, sans doute.
- Je vais à présent ouvrir le menu. Les écrans sont dotés de la technologie tactile, n'hésitez pas à vous en servir et à poser vos questions directement à voix haute.
Hésitant, j'appuie sur un des panneaux apparus à l'écran. Celui-ci mentionne ''Tête''. Plusieurs styles de casques s'affichent sur un autre écran. La voix retentit.
- Choisissez votre casque.
- Celui avec des ailes à l'arrière à l'air pas mal.
- Je ne comprends pas votre requête.
- Ah oui, c'est vrai. La technologie tactile, suis-je bête.
- C'est vous qui le dites.
Je fais la grimace. Vraisemblablement, les concepteurs de cet engin ont de l'humour, ou font partie de la famille de Garatu. Je choisis alors mon casque ''ailé''. Je reviens automatiquement au menu, puis continue ma configuration pour les divers éléments. Le style de ces armures est plutôt sympathique. La description des éléments est imagée et expliquée longuement. Chacun a ses avantages et inconvénients. Sur le même modèle, je choisis un modèle de corps ''en X'', un modèle de bras ''ossature'', un modèle de jambes ''spirale'', des gants et bottes ''neutre'', et une lame et un bouclier ''hyliens''. Un bouton vert apparaît sur un écran une fois tous mes choix faits, pour confirmer la construction de mon armure. D'autres trappes s'ouvrent alors, des lasers construisent mon armure sur-mesure directement sur moi. Cinq minutes plus tard, la cabine s'ouvre dans un nuage de fumée. La voix me remercie d'avoir utilisé mes services et me remercie en me souhaitant une bonne journée. Il est onze heures et demie.
Je sors alors de ma chambre, épée sortie du fourreau et bouclier brandi. Sarantu m'attend comme promis, et me donne son avis sur mon nouvel attirail.
« Ah, tu as choisi le modèle ''ossature'' pour les bras ? Dommage... Bon, tu auras sans doute remarqué certains clichés dans cette cabine, tels les écrans tactiles et le nuage de fumée. Le fondateur a été quelque peu... enthousiaste en créant certains objets ici. Heureusement, le conseil des maîtres s'est opposé à l'implantation de la technologie haptique, disant qu'on arriverait pas à l'expliquer aux nouveaux arrivants et que c'était quand même trop avant-gardiste.
- C'est quoi la technologie haptique ?
- Eurhm... tu regarderas sur Wikipedia.
- J'ai pas d'accès Internet.
- L'ordinateur dans ta chambre anuvienne, si.
- Bref, comment j'enlève cette armure, maintenant ?
- Concentre-toi sur la pensée ''Enlever armure'', ou ''Enfiler armure'' pour la remettre.
- Pourquoi faut-il se concentrer sur nos pensées ?
- Lors d'une heure de cours, tu t'ennuies. D'un coup, tu penses ''Enfiler armure''.
- Oui, vu comme ça...
- Te concentrer sur la pensée pendant un moment permet de ne pas faire de faux mouvement. Mais tu n'as généralement pas à penser à ton action plus de cinq secondes.
- Petite question : j'ai cours demain et j'aimerais pas rentrer trop tard chez moi, vous comprenez, le sommeil, tout ça... On peut remettre la séance d'entraînement à une autre fois ?
- À toi de voir, on te laisse un certain champ de liberté ici. Sache quant à moi que je suis présent ici tous les jours vers dix heures du soir le plus souvent.
- Très bien, on se dit à demain ?
- À demain. »
Sur ces mots, Sarantu disparaît subitement. Il aura sans doute pensé à ''Retour à la chambre''. Je fais de même. Sur le coup de la fatigue, j'oublie que la salle en question est juste derrière moi, mais cela m'aura permis de ressentir l'effet de la téléportation, c'est-à-dire, aucun. Je me retrouve au milieu de ma deuxième chambre instantanément, comme si je n'avais pas bougé. Il se trouve que la porte par laquelle je suis entré sur Anuva depuis la Terre est une porte stable. Le livret explique que je peux générer un passage entre les deux mondes quand je le souhaite, où je le souhaite sur Terre, qui me permette de repasser cette porte, par la pensée ''Aller sur Anuva'' ou ''Aller sur Terre''.
Bref, je retourne sur Terre, pour la première fois optimiste quant au lendemain. J'aime bien cet endroit, bien qu'il soit peut-être mieux que j'y enlève mon armure avant de retourner sur Terre. Derrière une première impression d'endroit strict, il s'avère plutôt décontracté en fin de compte. J'ai enfin un lieu où me réfugier, où bien vivre.
Je me couche le sourire aux lèvres.
Chapitre 6
Souriant toute la journée, d'humeur joyeuse, impatient à l'idée d'expérimenter mon armure le soir ; cela n'a pas manqué d'attirer l'attention de ceux m'ayant croisé aujourd'hui, sous une pluie forte, ne manquant pas d'affecter le moral. Presque chantant dans les rues, je subis les regards mornes et crispés des passants, morfondus sous leurs parapluies. Mes camarades de classe, en particulier les moqueurs, me regardent de travers en me voyant sourire. On peut presque lire leurs pensées dans leurs yeux, ''Le connard est heureux aujourd'hui ?'', ''Il a dû trouver un centime par terre pour sourire comme ça.'', ''J'ai faim.'', …
Participant en classe, je n'hésite pas à demander de lire le rapport sur le PIB du Venezuela en 1969. Je reçois également une sale note en Anglais, mais en souriant, ce qui fait réagir mon professeur, me lançant des remontrances dans la langue qu'il enseigne, que j'écoute à peine.
Midi, j'achète un sandwich en osant prendre une seconde tranche de jambon cru à l'intérieur. J'ai en effet trouvé un euro par terre le matin. Le régal est de mise. Plus tard, Ophelia, une ''bizutrice'' enfermée dans le monde naïf de l'adolescence stéréotypée, m'aborde. Comme presque tous les autres, elle m'appelle ''connard'', ça me lasse, mais je laisse passer, je ne peux de toutes façons, pas me défendre.
« Méé, konar, komen sa s'fé k'tu smaïle, la ? Lol !
Oui, à force d'écrire SMS, elle parle également SMS.
- Chais pas, ça peut arriver de temps en temps.
- Nan, mé MDR, la ! Ta une risone kan mem ! Té un clodo ki pu. Kkun ta mi dé sou dan ton ver de clodo ?
Je ne sais pas quoi répondre.
- Mé répon ! Tiinn, té vréman un konar kan mem ! »
Sur ces mots, elle rejoint le bar, à dix minutes de la reprise des cours. Je ne la reverrai pas aujourd'hui.
« Lourdingue, cette Ophélia, n'est-ce pas ?
- Sarantu, comment faites-vous pour voir ce que je fais la journée ?
- Non, je passais juste à ce moment-là. En armure, les Mikava sont invisibles aux yeux des humains non-initiés. Je te l'avais déjà dit.
- Et pourquoi ne vous ai-je pas vu ?
- Je suis seulement resté dix secondes planqué derrière un muret voisin pour voir ce que faisait mon nouvel apprenti.
- Vous n'avez pas de vie sur Terre ?
- Si, mais je profite des pauses ''besoins'' au bureau pour m'évader cinq minutes. Après tout, personne ne va m'accompagner, c'est plutôt discret.
- Vous pouvez m'espionner depuis les toilettes ?
- Je génère une porte pour Anuva, puis une autre pour l'endroit où tu es. Puis je refais le chemin inverse pour revenir. Je peux te trouver où que tu sois, ça fait partie des avantages du chevalier sur son apprenti, mais ne t'en fais pas, je le fais peu. Et si tu me juges trop envahissant, tu peux en avertir le conseil des maîtres via ton ordinateur.
- Ça me rassure.
- N'empêche qu'avec un peu plus de répartie, tu aurais pu rabattre le caquet de cette fille.
- Et qu'auriez-vous dit à ma place ?
- Elle te demandait pourquoi tu souriais, tu aurais pu dire ''Parce que je te trouve ravissante aujourd'hui'', ça lui aurait fait plaisir.
- Mais elle est moche comme un pou !
- Bon, je t'accorde un point.
- Et ça n'a rien à voir avec ma pensée.
- Parfois, il faut savoir mentir. Surtout quand on mène une double-vie.
- Vous n'auriez pas eu une meilleure réplique ?
- ''Pourquoi tirerais-je la gueule ?'' mélange la grammaire poussée et le langage courant, ça désacralise et ça a son petit succès en société.
- Elle m'aurait demandé pourquoi je souriais pas avant.
- N'hésite pas à confier tes petits soucis, à être franc.
- Me confier à elle ?
- Tu n'es pas obligé d'entrer dans les détails. Tu peux dire ''Je n'aime pas la pluie.'', ''Je suis fatigué.'', ''Mon poisson rouge est mort.'' … je ne sais pas, des choses comme ça.
- Vous avez seulement vu sa conversation ? Elle accorde plus d'estime à la coque protectrice de son smartphone qu'à moi ! Lui raconter ma vie ne fera qu'accentuer ses insultes.
- Dans ce cas, sors une répartie pleine de sens. Elle dit ''T 1 klodo ki pu.'', tu réponds ''À sentir ton parfum, on pourrait croire que t'as piqué une tête dans la benne à ordures.''
- C'est pas très élégant...
- Parce que ''Ta 1 ver de klodo'', c'est élégant ?
- Bon, égalité.
- Et avec ça, t'as déjà les bases d'un de mes cours, que j'ai pu donner à l'extérieur, comme je préfère le faire, avec une petite marche revigorante. »
J'avais en effet retrouvé Sarantu au pied de la porte de ma chambre en arrivant, et nous avions encore eu une petite conversation sur le chemin d'une salle d'entraînement, dont cet extrait. Mon mentor a la conversation agréable, cela me fait oublier la longue marche jusqu'à la-dite salle que je sens malgré tout dans mes mollets.
« La longue marche jusqu'à la salle d'entraînement à dû t'épuiser les mollets. Ne t'en fais pas, je t'offrirai un moyen de locomotion plus tard.
- Et pour ce coup-ci, mes mollets fondus, ça comptait pour du beurre ?
- C'était du premier degré ?
- Hein ? Euh... non.
- Non parce que bon... Garatu serait plié en quatre avec une phrase pareille.
- Pourquoi ?
- Non, parce qu'il se trouve que d'après les estimations des taux de graisses présents dans le corps humain, si l'on compte le beurre comme une graisse, elle aura fondu dans tes mollets.
- J'ai rien compris.
- Pas grave, tes calories me remercieront. »
Sur ces mots, le chevalier me fait entrer dans la salle d'entraînement. Salle cubique de trois mètres d'arête, elle s'avère composée de panneaux carrés disposés tels un carrelage sur chaque face. Une porte se situe au fond de la salle, et une petite fenêtre rectangulaire se situe à deux mètres au-dessus de cette porte. Sarantu passe cette porte, et donne des explications avant de la refermer derrière lui.
« Il y a une salle là-haut, j'y évaluerai ton actuelle maîtrise des armes en t'envoyant des hologrammes d'ennemis. Je te conseille juste d'enfiler ton armure.
- Je me suis jamais vraiment battu de ma vie.
- Ce sera l'occasion de commencer. Si tu es repéré par un Migono, il cherchera à te tuer, tu devras te défendre.
- On ne peut pas envisager de coexistence pacifique ?
- Ça dépend. Si tu veux parler pacte de non-agression mutuelle avec un gusse qui te chargera avec une lame surpuissante sans avoir pris le temps de se présenter...
- J'aime votre spontanéité.
- Bien, sur ce, bonne chance. »
La porte se referme. Je vois mon mentor apparaître derrière une série de pupitres par la fenêtre. Enfilant mon armure, je dégaine, me tenant prêt à être attaqué. Je reçois un coup dans le dos, assez puissant pour me faire tomber. La voix de Sarantu retentit dans la salle.
« Oui, les Migono adorent attaquer par derrière, ou quand tu ne t'y attends pas ... »
Je prends appui sur mon bras droit pour me relever, et je reçois un autre coup invisible sur le même bras, me refaisant chuter.
« … et pendant que tu faiblis. Ça n'aurait pas été un hologramme, tu aurais déjà la colonne vertébrale brisée et un bras en moins.
- C'est gentil de me rassurer.
- Je suis gentil, je te laisse reprendre tes esprits avant le prochain combat. »
Je profite alors du break pour me ressaisir. Par chance, il n'y a douleur que sur le coup, se dissipant bien vite. Devant moi apparaît alors un Mikava orange, un Migono sans doute. Celui-ci sort une lame de type ''biggoron'', deux fois plus forte que la mienne, mais requérant une force et un entraînement développés. Nous croisons le fer. La force exercée est plutôt forte, je peux difficilement résister. Il retire subitement sa pression et tente de me frapper le flanc, mais j'esquive le coup avec ma lame. Puis un autre coup vers mon crâne, que je protège avec mon bouclier. Mon assaillant bondit au-dessus de moi et atterrit de l'autre côté, puis donne un coup furtif de lame dans ma cuisse. Je tombe au sol, le Migono lève sa lame et me frappe au crâne de manière à me couper en deux. Son hologramme disparaît alors.
« Ardamu, je t'annonce que tu es complètement rouillé et qu'il faudra bien deux mois d'entraînement acharné avant que tu ne puisses être au point niveau armes.
- Et sinon, une bonne nouvelle ?
- Nous ne sommes pas en temps de guerre, on ne lâche pas les apprentis sans entraînement en première ligne.
- Vous faites vraiment ça ?
- Non, c'est une blague.
- Très drôle.
- Enfin... on n'a jamais eu de guerre encore, donc je sais pas trop comment ça se passe.
- On peut résilier le contrat ?
- On ne te demande pas de savoir massacrer ton adversaire, juste de te défendre face à lui assez longtemps pour échapper à un destin fatal. Pis c'est ma faute aussi si on a un maniaque en face qui tient à démolir tout espoir et forme le propageant en ce monde ?
- Vous avez pas un mode ''lent'' pour vos hologrammes ?
- C'est déjà sur ''lent''.
- Chouette. »
Les combats se poursuivent. J'affronte tour à tour divers Migono, chacun armé différemment, du bouclier en plastique au bloc de béton armé, de l'épée en caoutchouc à la tronçonneuse. Je perds systématiquement, mais parviens à porter des coups vainqueurs, faisant disparaître les hologrammes. Je me découvre une souplesse que je n'aurais jamais soupçonnée en temps normal. L'entraînement se termine avec le premier Migono que j'ai eu l'occasion d'affronter lors de la session. N'ayant pas faibli, bien au contraire, le combat se prolonge sur plusieurs minutes. Je pare ses coups avec l'aide de mes derniers efforts. Malgré tout, il parvient à me trancher en deux au niveau de la taille.
« Je l'admets, j'ai poussé ce dernier au niveau ''normal'', mais je peux t'annoncer que cette session d'une bonne demi-heure a été plutôt revigorante !
- Ça fait une demi-heure que je gesticule ?
- Oui, et je t'annonce que c'est tout pour aujourd'hui. Parti de rien, tes progrès sont plutôt conséquents, et tu peux vaincre tout ennemi réglé sur ''lent''. Malgré ça, il te faudra quand même plusieurs séances avant de parvenir à un niveau convenable. Les Migono sont des brutes épaisses. Beaucoup ont le niveau du dernier que tu as affronté, toutefois, tu en rencontreras de bien plus coriaces.
- Une question : ils sont sensés me pervertir tant que je suis apprenti, pas me tuer...
- Si la perversion ne fonctionne pas, ils te tueront.
- Et il n'y a pas d'entraînement contre ces perversions ?
- Un module a été crée récemment, il est encore en phase de test. L'un d'entre nous ayant vécu l'expérience de la perversion nous a aidé. Il est resté trois jours chez les Mikava, le temps de témoigner, avant de disparaître.
- Euh... est-ce que quelqu'un ayant vécu cette expérience est parvenu à rester chez vous plus de trois jours ?
- À ma connaissance, non. Mais la contribution de ce Mikava disparu nous a permis d'identifier les méthodes de nos adversaires. Nous cherchons actuellement un remède. Mais ce projet est maintenu secret, et seuls les maîtres et grades supérieurs en connaissent vraiment les détails. »
Je rentre chez moi, une boule au ventre, la crainte de la perversion dans l'esprit. Il faut dire que je n'ai jamais eu beaucoup de chance dans ma vie, et je fais de cette éventualité pessimiste une réalité. Si les Migono doivent me trouver et que personne n'a jamais pu leur résister, serai-je condamné à la dépression éternelle ? Est-ce que les enseignements Mikava m'aideront à résister ?
J'entends du bruit à côté.
Chapitre 7
Inquiet, je sors de ma chambre. Ma mère me tombe dans les bras, essoufflée, incapable de prononcer un mot car semblant sous le choc. Mon père semble également affolé.
« Igor ! Mais où étais-tu passé ?
- Euh... hein ?
- Voilà une demi-heure au moins que nous te cherchons partout ! Nous avions cru que tu avais été enlevé par un voisin !
- Pourquoi un voisin ?
- Tu sais comment ils sont avec nous. Ta disparition nous a rappelé ce qu'il s'est passé voilà quatre ans... »
Ce qu'il s'est passé voilà quatre ans est en tête de la liste des événements que j'aurais préféré ne jamais subir.
J'avais cinq ans quand mon petit frère Victor est né dans l'indifférence. Mon père m'a raconté que ma naissance s'est faite dans les mêmes conditions que ce à quoi j'ai assisté pour celle de mon frère.
Je me souviens du jour de l'accouchement de Victor. Ma mère, épuisée par les trente kilomètres de marche entre notre domicile et la maternité, ne pouvait plus marcher et devait mettre au monde dans l'urgence. Je me souviens de la scène entre mon père, furieux, et la réceptionniste.
« Comment ça, aucune chambre n'est disponible ?
- Je suis désolée monsieur, mais votre femme devra attendre.
- Mais elle va accoucher d'un instant à l'autre ! Vous ne pouvez pas la laisser comme ça !
- Vous m'en voyez franchement navrée, je ne peux rien faire.
- La salle d'attente est vide ! Ne me dites pas qu'aucune salle ne peut accueillir ma femme !
- S'il vous plaît, monsieur, prenez place dans cette salle d'attente, et attendez votre tour.
- C'est ça... J'ai déjà fait la sage-femme cinq ans plus tôt. Donnez-moi trois serviettes et je reprendrai la casquette dans votre foutue salle d'attente !
- Les agents de service viennent de nettoyer le sol, vous ne pouvez pas mettre au monde votre enfant là-bas !
- Il y a cinq ans, vous nous aviez jeté dehors comme des chiens ! Mon premier fils est né à côté d'une bouche d'égout sous la pluie ! Vous ne pouvez pas nous laisser refaire ça !
- Légitimement, vous êtes sur la voie publique, en-dehors de notre domaine de réglementation, je ne peux donc vous empêcher de le refaire, vous avez raison ! »
Suite à quoi mon père se jeta sur la réceptionniste. Les agents de sécurité l'arrêtèrent, et il passa une journée en garde à vue.
Ma mère et moi sortirent de la maternité. Je vis passer un groupe de personnes en protégeant une autre. Une des personnes dit ''Laissez passer la ministre de l'Agriculture ! Elle a perdu les eaux !''. Une armée d'hommes en blanc les attendait à l'entrée, l'un répondant ''Entrez vite ! Toutes nos chambres sont libres, vous y accoucherez dans le calme.''. Ma mère, hurlant de douleur, assise sur le trottoir sous la pluie, appela à l'aide auprès des passants ne daignant ni baisser le regard, ni venir en aide à la pauvre femme. Rassemblant ses souvenirs, elle me confia alors les instructions pour l'aider à accoucher comme elle l'avait fait pour moi. Victor est né après trois heures d'interminables efforts, sans aucune autre assistance que la mienne. Nos deux naissances furent quasiment miraculeuses.
Ce qu'il s'est passé voilà quatre ans s'inscrit dans la continuité de la naissance de mon frère. Déjà appelés ''les frères trottoir'' par le voisinage ayant eu vent de notre lieu de naissance, nous sommes restés les têtes de turcs du quartier, à l'époque encore fréquenté. Aujourd'hui, tous ont déserté la zone, devenue délabrée, nous sommes les seuls à y loger encore.
Un sale gamin, pourtant aussi pauvre que nous, ne trouvait d'autre occupation que de lancer des œufs pourris contre notre maison. Ce jour-là, mon frère avait sept ans, moi douze, lui quatorze. Mes parents s'étaient absentés brièvement ce jour-là, je devais garder Victor. Nous jouions à l'extérieur, quand il nous a abordés.
« Hé, trottoir deux, tu sais que t'es mignon ?
Victor restait bouche bée, n'osait dire mot. Déjà peu causant à l'époque, je devais intervenir, bafouillant.
- S'il te plaît, pars.
- Ta gueule, trottoir un, c'est à l'autre que j'cause !
Sur ces mots, il me donna un coup de boule m'envoyant valser au sol, m’assommant. Avant de m'évanouir, je voyais mon frère, tétanisé, agrippé par le bras.
- Allez, viens, je vais te présenter un truc chouette... »
Quand je me suis réveillé, j'étais dans mon lit. Mes parents m'y avaient transporté. Ma mère pleurait à chaudes larmes. Mon père me demanda où était passé Victor, je lui ai conté ce qu'il s'était passé.
Nous l'avons retrouvé le lendemain, dans le canal asséché, le visage en sang, le pantalon baissé, laissant des traces de sperme en évidence...
Mort.
Ma disparition laissait envisager le pire pour mes parents. Ils ne voulaient pas revivre ça, ils n'ont pas besoin de ça en plus. Malgré la plainte déposée, nous n'avions pu mener l'enquête à terme, faute de moyens financiers suffisants. Tout le voisinage avait été choqué de l'accusation du gamin et l'avait soutenu pendant les faits. Aujourd'hui, il est dealer à la sortie des collèges, et un ami de Wolfgang Ulrich est l'un de ses plus fidèles clients.
L'inquiétude de mes parents est justifiée. Perdu dans mes pensées, me remémorant cette histoire, mon père doit hausser la voix pour reprendre la conversation.
« Igor ! Dis-moi où tu étais !
- Euh... mais pourquoi êtes-vous entrés dans ma chambre, d'abord ?
- On a entendu des coups violents contre la maison, suffisamment bruyants pour tous nous réveiller. Nous voulions te demander si tu avais vu quelque chose.
- Pendant mon sommeil ?
- Les murs sont fragiles, ici. Il se pourrait que l'un de ces pilleurs soit entrés de force dans la maison, en frappant le mur de ta chambre de coups de marteau.
- Non, mais ça, euh... C'est moi en fait, je... vous prépare une surprise.
- Tu te lèves en plein milieu de la nuit pour frapper les murs de la maison pour nous réveiller en sursaut ? Merci pour la surprise, on s'en serait passé !
- Non, mais c'est, euh... un truc qui s'est emballé. Mais vous en faites pas, tout est sous contrôle, et encore désolé du dérangement, je serai plus discret la prochaine fois. Ne vous inquiétez pas non plus si vous ne me voyez plus.
- Et quand est-ce qu'on aura vent de cette... surprise ?
- Euh... je ne sais pas encore...
- Bon, je te fais confiance, tu ne nous mens pas d'habitude. »
Et pourtant, je venais de le faire. J'ai profité d'une situation étrange pour masquer ma double-identité. J'ai menti à mes parents pour respecter une clause de confidentialité.
Avant de me rendormir, je consulte le livret, mais rien n'est mentionné au sujet d'un viol permis de cette cause pour rassurer l'entourage familial. Bref, je verrai ça demain avec Sarantu. Je ne sais pas si je pourrai mentir longtemps à mes parents...
Juste une remarque : j'aime pas trop réclamer des commentaires, mais de voir que personne n'exprime son avis, je crains que personne ne lise. Pour savoir : y'a au moins des gens qui suivent, ou est-ce que je publie dans le vide ? Je vous en veux pas de pas lire, faut trouver le temps de le faire, mais c'est inquiétant de pas avoir de réaction, car je sais pas ce que j'ai loupé.